Visite de l'Eglise Ste Marie-Madeleine à CHATEAUGIRON


Visite de l’église Ste Marie-Madeleine à Châteaugiron.


Vous entrez dans une église néogothique construite dans la seconde moitié du XIXe par un architecte, Aristide Tourneux, né à Châteaugiron où il a aussi réalisé les Halles, devenues Médiathèque ; c’est la troisième église paroissiale, la première étant le prieuré bénédictin Ste Croix dont il ne reste plus de traces, qui fut en usage de la fin du XIIe au XVe, la seconde, la chapelle du château du XVe au XIXe. Le clocher de ce troisième édifice ne fut rajouté qu’en 1912 par l’architecte diocésain Arthur Régnault.




Nous pouvons commencer notre visite de cette église par la découverte de ce qui provient de la chapelle située dans l’enceinte du château. La première statue à gauche, c’est celle de Marie-Madeleine, à qui l’église est dédiée, oeuvre de Julien Gourdel, (1832) représentée en pénitente (robe très simple, une cordelette nouée comme ceinture, un crâne posé à l’arrière pour rappeler la brièveté de la vie). Immédiatement après, dans une vitrine, nous découvrons sur une bannière du XVIIIe une autre représentation de Marie-Madeleine, celle de la pécheresse avec auprès d’elle le vase de parfum qu’elle va répandre sur les pieds du Christ.

   A droite un confessionnal réalisé en 1770 par le sculpteur Aimé-Jean Métivier avec un panneau ajouré de style rocaille, seul survivant des quatre sortis de l’atelier. Deux servirent de guérite pour les soldats à la Révolution et le troisième fut brisé par la chute du clocher le 2 janvier 1998


En vous avançant un peu dans la nef et en vous retournant, vous remarquerez  le Christ en croix du XVIe siècle. Il fut, à la Révolution, sauvé par un paroissien, en échange d’une corde de bois. En montant un peu plus, nous découvrons la chaire réalisée en 1708 par Nicolas Gautier ; elle a perdu son décor à la Révolution et le passage d’un mur droit à un mur en angle l’a rendue bancale.


          Dans le transept droit, la statue de Ste Marguerite invoquée par les femmes enceintes pour obtenir une heureuse naissance est sans doute la plus remarquable et par son aspect et par son histoire . A l’origine (XVIIe), elle brandissait une croix qui, selon la tradition, la faisait vaincre le dragon, symbolisant le mal, qu’elle foule à ses pieds. Les révolutionnaires s’en emparèrent, une pique remplaça la croix, le bas du vêtement devint bleu blanc rouge, elle fut coiffée d’un bonnet phrygien et, promenée en grande pompe, symbolisa «  la Raison triomphante terrassant l’hydre de la superstition ».

          Deux autres statues anciennes ne proviennent pas de la seconde église : la Vierge à l’Enfant du transept gauche et le saint moine, peut-être St Thomas d’Aquin, près de la montée à la chaire.

          En vous plaçant au centre sur la tombe de Mgr Leray, archevêque de la Nouvelle-Orléans aux Etats-Unis, décédé à Châteaugiron le 23 septembre 1887, vous découvrez l’ensemble du mobilier en harmonie avec le style néogothique de l’église, un confessionnal dans chaque transept, à droite l’autel de Ste Anne avec une copie de la statue de l’Education de la Vierge de Julien Gourdel et à gauche l’autel de la Vierge avec la statue de l’Immaculée Conception. Deux épisodes de sa vie sont sculptés : à droite, l’Annonciation, à gauche, la naissance de Jésus à Bethléem.







          Ces deux autels latéraux comme l’autel principal ont été réalisés dans l’atelier de Jacques Granneau, sculpteur à Angers. La structure de l’autel principal est pyramidale : en bas la table de l’eucharistie avec la Cène, le dernier repas du Christ. Au-dessus, la table de la Parole avec les prophètes qui ont annoncé le Christ, à droite la statue allégorique de la Synagogue, les yeux baissés, en opposition avec l’Eglise à gauche dressée fièrement comme une reine. Surmontant le tout, un groupe de trois statues représentent l’apparition du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie. Jacques Granneau a également réalisé la statue de St Augustin dans le transept droit.

          Le chemin de croix a été réalisé par un atelier parisien en 1868. Nous n’avons pas mentionné la statue de St Joseph et l’Enfant Jésus réalisée en 1866 par Pierre Gourdel, cousin de Julien. Il nous avait aussi laissé un St Roch et son chien, brisés par la chute du clocher.

          Dernier souvenir du XIXe, les vitraux de la nef : à droite, l’apparition de la Vierge à Bernadette ; en face à gauche, une autre apparition, celle de Ste Anne à Yves Nicolazig à Auray en 1623. La deuxième verrière, à droite, la Sainte Famille, à gauche, la Transfiguration. La troisième, Jésus  chez Marthe et Marie ; en face, le jugement et la condamnation à mort de Ste Lucie. La quatrième, St Jean à Ephèse et le Bon Pasteur ; à droite St Paul et St Pierre.








Reste maintenant la partie du XXe siècle : l’orgue, au fond du chœur, a été réalisé en 1902 par la maison Abbey à Versailles. Les vitraux modernes de l’abside sont l’œuvre d’un artiste local, René Bonnet (décédé en 2018), qui travaillait alors aux ateliers Klein de Rennes.

En 1998, à l’initiative de l’abbé Dersoir, curé de la paroisse, le mobilier du chœur, autel secondaire, croix de Résurrection, support du cierge pascal et ambon, a été renouvelé par le sculpteur Bigot. L’autel porte la colombe, symbole de l’Esprit Saint et l’ambon, la représentation des quatre évangélistes, Matthieu, Marc, Luc et Jean qui nous ont transmis la Bonne Nouvelle.

          Notre église Ste Marie-Madeleine garde la trace des générations qui ont vécu leur foi dans notre pays de Châteaugiron ; son enseignement est encore source de vie pour nous aujourd’hui.

Jean-Claude MARTINIAUX